La Russie limite les appels sur WhatsApp et Telegram dans un nouveau durcissement du contrôle numérique

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Les autorités russes ont annoncé une restriction des appels vocaux sur les applications de messagerie WhatsApp et Telegram, invoquant la nécessité de lutter contre les activités criminelles et certains usages jugés dangereux. Cette mesure s’inscrit dans la continuité d’un renforcement du contrôle exercé sur l’espace numérique en Russie.

Une décision justifiée par la lutte contre la fraude

Selon l’agence publique Ria Novosti, citant l’autorité nationale chargée de la régulation des communications, les appels effectués via WhatsApp et Telegram vont être limités. L’objectif déclaré est de contrer les abus, notamment les escroqueries en ligne et ce que les autorités présentent comme des risques de manipulation de citoyens russes.

Ces messageries, particulièrement populaires dans le pays, sont accusées par les responsables russes d’avoir été utilisées pour faciliter certains actes de fraude ou encore des activités qualifiées de sabotage et de terrorisme.

Réactions de WhatsApp et Telegram

Face à ces restrictions, Telegram a souligné dans un communiqué qu’il supprimait quotidiennement des millions de contenus considérés comme nuisibles et qu’il poursuivait ses efforts pour limiter les abus sur sa plateforme. De son côté, un porte-parole de WhatsApp, propriété du groupe américain Meta, a rappelé que son service reposait sur un chiffrement de bout en bout conçu pour garantir la confidentialité des échanges. Le représentant a également estimé que cette sécurisation pourrait expliquer pourquoi la Russie cherche à en restreindre l’accès.

Contexte de contrôle accru sur Internet

Depuis plusieurs années, la Russie multiplie les restrictions en ligne, réduisant progressivement les espaces où circulaient des opinions indépendantes. En juillet, une loi signée par le président Vladimir Poutine a introduit des sanctions contre la recherche de contenus considérés comme « extrémistes » et a interdit la promotion des VPN, largement utilisés pour contourner les blocages.

Par ailleurs, Facebook et Instagram, appartenant à Meta, ont été déclarés « extrémistes » et sont interdits depuis 2022. La plateforme YouTube, encore accessible, ne peut être consultée qu’à travers l’usage d’un VPN depuis 2024.

Vers un possible départ de WhatsApp du marché russe ?

En juillet dernier, un député russe, Anton Gorelkine, avait suggéré que WhatsApp pourrait être ajouté à la liste des applications en provenance de pays dits « inamicaux ». Cette perspective laissait entrevoir un risque de blocage complet du service en Russie. Ces déclarations avaient alimenté des inquiétudes concernant un éventuel retrait de l’application du marché local.

Un environnement numérique sous surveillance

Les escroqueries via messageries sont régulièrement signalées en Russie. Les autorités affirment également que certains services de renseignement étrangers utiliseraient ces plateformes pour tenter de recruter des citoyens russes avec la promesse d’une rémunération, en vue de commettre des actions de sabotage à l’intérieur du pays.

Cette série de mesures confirme la tendance des autorités russes à restreindre progressivement l’accès aux outils numériques étrangers, dans un contexte de surveillance accrue et de volonté de contrôler les espaces d’échange en ligne.