Le Conseil fédéral a confirmé mercredi que l’acquisition des 36 avions de combat F-35 coûtera plus cher que prévu. Alors que la population avait validé un budget de six milliards de francs il y a cinq ans, les dépenses dépasseraient désormais cette enveloppe de 650 millions à 1,3 milliard de francs supplémentaires. La Suisse n’a en effet pas réussi à sécuriser un prix fixe auprès des États-Unis.
Des scénarios envisagés pour faire face aux coûts
Pour contenir ce dépassement, plusieurs options sont en cours d’étude : une éventuelle réduction du nombre d’appareils commandés ou un crédit additionnel qui devrait être approuvé par le Parlement. Un groupe de travail a été lancé sous la responsabilité du conseiller fédéral Martin Pfister, en charge de la Défense. Le Département de la Défense, de la Protection de la population et des Sports (DDPS) remettra ses propositions d’ici fin novembre. Malgré les inquiétudes, le Conseil fédéral appelle à accepter la nouvelle situation.
Réactions de Stefan Holenstein
Stefan Holenstein, président de la Fédération des sociétés militaires suisses, considère cette évolution comme un nouvel échec politique. Interrogé jeudi, il estime que la responsabilité ne saurait être uniquement attribuée aux États-Unis et qu’un manque de rigueur serait également à relever du côté suisse. Selon lui, « la situation doit être corrigée », mais il réaffirme qu’il n’existe pas d’alternative crédible au F-35.
Un choix stratégique selon les militaires
Malgré les surcoûts, Holenstein rappelle que le F-35 demeure, selon son analyse, le meilleur appareil disponible pour la Suisse en termes de rapport performances-prix. Il met également en avant l’importance de l’interopérabilité : l’avion est utilisé par de nombreux pays européens, ce qui faciliterait la coopération militaire. Dans cette optique, renoncer au F-35 en réaction à la récente annonce américaine concernant des droits de douane de 39% serait, toujours d’après lui, « inapproprié » et inefficace.
Les critiques politiques et la question de la sécurité
Une partie de la gauche plaide pour un abandon de l’achat, invoquant non seulement le coût d’acquisition mais aussi les frais d’exploitation supplémentaires. Holenstein réfute cette position, estimant qu’il serait extrêmement difficile de trouver un remplaçant sur le marché de l’armement international.
Le rôle de l’ancienne direction du DDPS
Sans la citer directement, Holenstein évoque également une responsabilité de l’ancienne cheffe du DDPS, Viola Amherd, et de son équipe, qui n’auraient pas suffisamment anticipé les difficultés contractuelles avec les États-Unis, malgré l’appui d’experts juridiques. Pour autant, il appelle à poursuivre le processus afin de préserver la crédibilité de la Suisse vis-à-vis de ses partenaires européens.
Un dilemme en matière de sécurité nationale
Évoquant les pistes envisagées, Holenstein juge qu’une réduction éventuelle de la commande, par exemple de 36 à 30 appareils, pourrait affaiblir la défense aérienne nationale et avoir un impact direct sur la sécurité du pays. Le débat autour des F-35 reste donc ouvert, entre impératifs financiers et enjeux de défense.