Don d’organes après suicide assisté en Suisse : une réflexion éthique en cours et des conditions préalables

Economie

Contexte et position actuelle

En Suisse, contrairement à des pays comme le Canada, l’Espagne, la Belgique ou les Pays-Bas, aucun prélèvement d’organes à des fins de don n’est actuellement effectué après un suicide assisté. Cette évolution potentielle ne peut toutefois être exclue, car aucune disposition légale ne l’interdit formellement et des échanges professionnels sur ce sujet se multiplient auprès de la Commission centrale d’éthique (CEE) de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM).

Le dossier a été porté à l’attention de la CEE et de l’ASSM, qui ont publié cet été une prise de position exposant les enjeux éthiques et posant des conditions préalables à considérer dans le cadre du don postérieur au suicide assisté.

Éthique et cadre à définir

Dans sa déclaration, l’ASSM précise que le don d’organes et l’assistance au suicide relèvent chacun de pratiques établies et acceptées sur les plans légal et éthique. Toutefois, leur association n’est pas considérée comme évidente et nécessite un cadre clair.

Le psychiatre Paul Hoff, président de la CEE de l’ASSM, a déclaré au Tages-Anzeiger qu’une personne envisageant l’assistance au suicide pourrait se sentir poussée à agir si elle apprend qu’elle peut sauver une vie par le don de ses organes. Cette éventuelle influence remet en question la pleine liberté du choix et souligne la nécessité d’un encadrement rigoureux.

Impact potentiel sur les dons et perspectives futures

Selon les estimations, environ 10 % des personnes qui envisagent l’assistance au suicide seraient médicalement éligibles au don d’organes, ce qui représenterait environ 170 personnes par an en Suisse et pourrait presque doubles le volume actuel des dons.

Si la pratique du don d’organes après suicide assisté venait à être envisagée, la Commission centrale d’éthique et l’ASSM entendent poursuivre une réflexion éthique approfondie sur les implications et les conditions nécessaires.

Enjeux et cadre éthiques

Les enjeux restent centrés sur le respect de l’autonomie des patients, la prévention de toute pression extérieure et la garantie d’un processus sûr et transparent afin de préserver une décision libre et éclairée.