Éthanol et risques sanitaires
Le constat scientifique demeure: le danger principal vient de l’éthanol et non du type de boisson consommée.
Comme le résume le scientifique Jürgen Rehm dans le New York Times : « L’alcool reste de l’alcool ».
Vin rouge, idées reçues et réalité
L’idée selon laquelle le vin rouge serait bénéfique pour la santé est aujourd’hui contestée. Selon Marc Peterhans, directeur de la Croix Bleue Suisse, les effets positifs potentiels seraient « contrebalancés par les effets négatifs, notamment le risque de cancer ».
De même, aucune étude solide ne montre que les alcools clairs (gin, vodka) seraient moins nocifs que les alcools foncés (rhum, whisky). Les différences résident surtout dans la présence de congénères, des substances pouvant aggraver la gueule de bois sans modifier le risque sanitaire global.
Le mécanisme toxique et le classement international
Sur le plan biologique, l’éthanol est métabolisé en acétaldéhyde, une substance toxique qui peut endommager l’ADN et accroître le risque de développer plusieurs cancers. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe l’éthanol dans le groupe 1 des cancérogènes, au même titre que le tabac ou l’amiante, et ce depuis 1987.
Recommandations internationales et messages publics
En 2023, l’Organisation mondiale de la Santé a renforcé sa position: aucun seuil de consommation n’est sans danger.
En Suisse, la Croix Bleue a abandonné l’idée d’une quantité maximale et privilégie désormais le principe: « Moins, c’est mieux ».
Débats et résistance du secteur
Selon la Croix Bleue, l’industrie de l’alcool et des chercheurs affiliés remettent toutefois en cause ces données, en utilisant des tactiques similaires à celles de l’industrie du tabac pour semer le doute. L’organisation décrit une phase de déni visant à protéger un marché de plusieurs milliards de francs, contribuant à entretenir la confusion du public malgré un consensus scientifique croissant.
Coûts et enjeux sociétaux en Suisse
Les chiffres de l’OFSP soulignent l’ampleur du problème: en 2022, 16,4 % de la population suisse avaient une consommation d’alcool excessive, avec des coûts sociaux estimés à 2,8 milliards de francs par an.
Par Hélène Joaquim