Deepfakes et lacunes juridiques: ce que révèle le cas Pierre-Yves Maillard

Monde

Deepfakes et lacunes juridiques: ce que révèle le cas Pierre-Yves Maillard

Un montage sophistiqué circulant sur Facebook présente Pierre-Yves Maillard, conseiller national, comme s’il était en interview dans ce qui serait un studio affilié à la RTS. Le fichier, manipulé grâce à l’intelligence artificielle, viserait à faciliter une opération d’escroquerie financière.

Réactions et contexte

Après avoir été informé vendredi de la diffusion de ce deepfake, Maillard a exprimé son indignation, estimant que les réseaux sociaux doivent mieux surveiller leurs contenus ou faire l’objet de sanctions fortes, afin de préserver la confiance publique. Il précise qu’il est aussi président de l’Union syndicale suisse (USS).

Des outils juridiques jugés insuffisants

Ce n’est pas le premier deepfake visant ce responsable politique et Maillard envisage désormais un recours judiciaire. Le porte-parole de RTS, Marco Ferrara, rappelle que les auteurs et les contenus usurpés proviennent souvent de l’étranger, ce qui complique l’action des tribunaux suisses. Selon lui, la RTS dénonce régulièrement des dizaines d’informations trompeuses auprès des plateformes, en espérant des condamnations dans un proche avenir.

Perspectives légales et propositions des élus

Raphaël Mahaim, conseiller national Vert.e.s/VD, constate une montée du phénomène en Suisse et le décrit comme un danger pour divers pans de la société. Il plaide pour une obligation d’afficher clairement le truquage sur les vidéos afin d’éviter les dérives, notamment les arnaques. Il appelle également à des sanctions plus fermes contre les auteurs et les réseaux qui tolèrent ces contenus, tout en reconnaissant que les instruments juridiques actuels restent limités.

Contenus de plus en plus réalistes et appel à l’action

Les spécialistes soulignent que l’IA rend les deepfakes de plus en plus convaincants et que même les experts peinent à repérer les défauts. Le conseil demeure le bon sens et la prudence face à ce que l’on voit ou entend. Touradj Ebrahimi, professeur à l’EPFL et responsable du Groupe de traitements des signaux multimédias, invite les acteurs politiques et judiciaires à faire pression sur les réseaux sociaux afin d’éliminer ces contenus trompeurs et d’imposer des règles plus strictes.

Pour mémoire, ces enjeux ont été évoqués lors d’entretiens et d’analyses publiées sur le sujet, qui mettent en lumière la fragilité des mécanismes actuels face à la manipulation numérique.