Meloni et l’économie italienne : stabilisation, mesures pragmatiques et défis à relever

Monde

Trois ans après l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni, l’Italie, troisième économie européenne, affiche une stabilisation de ses équilibres économiques et budgétaires, même si l’avenir demeure incertain.

Le chômage a fortement reculé, passant de 7,8% en octobre 2022 à 6% en août 2025, et le gouvernement vise à ramener le déficit public en dessous de 3% pour l’année en cours, conformément aux objectifs fixés par la Commission européenne.

La confiance des marchés est revenue et l’Italie peut emprunter dans des conditions plus avantageuses que certaines grandes économies, y compris la France, touchée par une crise politique.

Une approche pragmatique de la gestion économique

À la tête d’une alliance entre la droite et l’extrême droite depuis octobre 2022, Meloni a privilégié une politique économique pragmatique pour redresser les comptes publics après les dérapages observés pendant la pandémie de Covid-19.

Le ministre Giancarlo Giorgetti, chargé du développement économique dans le gouvernement précédent de Mario Draghi, a poursuivi certaines orientations tout en ajustant les priorités.

Des mesures de consolidation budgétaire ont été mises en œuvre, avec une réduction des dépenses publiques dans le système de santé et la culture. Le « super bonus » pour la rénovation énergétique des bâtiments et le revenu de citoyenneté ont été supprimés.

L’État a également cédé des parts dans ITA Airways, Monte dei Paschi et le groupe Eni.

Selon l’économiste Francesco Saraceno, l’objectif principal consistait à débloquer les fonds européens et à restaurer la confiance sur les marchés.

Plan de relance européen et financement public

Le gouvernement s’appuie largement sur le plan de relance européen: à ce jour, l’Italie a reçu environ 140 milliards d’euros sous forme de prêts et de subventions, et encore 54 milliards restent potentiellement disponibles d’ici août 2026.

Réactions sociales et sentiment du monde entrepreneurial

Par ailleurs, certaines mesures sociales ont été mises en place, notamment une réduction d’impôt destinée aux classes moyennes et aux petites entreprises.

Dans le secteur privé, des dirigeants expriment une certaine approbation de la trajectoire suivie: lors du Forum de Cernobbio, de nombreux responsables ont salué la politique de Meloni.

La présidente du Conseil a déclaré que les résultats sont visibles même dans un contexte économique difficile, tout en reconnaissant que tout ne peut pas être réglé immédiatement.

Analyses et perspectives

Malgré tout, l’inflation élevée freine le pouvoir d’achat. La croissance est modeste, autour de 0,5% cette année, et le pays demeure freiné par une productivité faible, des exportations en déclin et un vieillissement démographique.

Le niveau d’endettement atteint 135% du PIB, bien supérieur à celui de la France (114%). Le FMI souligne qu’un ensemble de réformes visant à accroître la participation des femmes au marché du travail et à renforcer les compétences et la productivité pourrait soutenir la croissance annuelle.

Des habitants interrogés évoquent le fait que des changements importants n’ont pas encore été perçus, notamment sur des questions sociétales comme la natalité et la santé publique.