Contexte et mode opératoire d’une sextorsion alimentée par l’IA
Selon un jeune Tessinois, une vidéo créée à partir de l’intelligence artificielle montrait son visage superposé à un corps nu et a été envoyée via WhatsApp avec des menaces et une demande de paiement.
Dans les échanges, il est précisé que la vidéo le montre en train de se déshabiller; elle démarre par une vue de dos, puis il se retourne.
Le piège s’est ensuite refermé via la plateforme Meta: une fausse amie Facebook, baptisée ‘Federica Bolli’, a engagé la victime, puis un interlocuteur italien mais au léger accent français l’a contactée par vidéo sur WhatsApp. Les auteurs ont pris des photos, monté le visage de la victime sur une vidéo et l’ont envoyée, en la menaçant de la diffuser à tous ses amis Facebook si un paiement de 300 francs en Bitcoin n’était pas effectué.
Mode opératoire et contexte international
La sextorsion repose sur le chantage autour de contenus sensibles et sur la peur de détruire la réputation de la victime. Les experts expliquent que les paiements en Bitcoin n’exigent pas d’identification personnelle et que, même si la blockchain est publique, l’identité du destinataire peut être difficile à retracer. Cette arnaque ne repose pas sur un virus; elle exploite l’émotion et la honte pour pousser à l’argent.
La pratique est fréquemment associée à des groupes criminels opérant à l’échelle internationale, avec une présence observée en Afrique et ailleurs, en lien avec la diffusion d’Internet, l’existence de réseaux organisés et des lacunes légales locales.
La sextorsion en chiffres en Suisse
Pour la semaine étudiée, du 29 septembre au 5 octobre, 969 tentatives d’escroquerie ont été signalées en Suisse, dont 17 concernent la sextorsion.
La cybercriminalité économique (appels de fausses autorités, loteries frauduleuses ou arnaques aux acomptes) demeure plus répandue. Selon les enquêteurs tessinois, la sextorsion est limitée dans nos latitudes, mais la plupart des tentatives de ce type ne sont pas répertoriées; le phénomène ne doit donc pas être sous-estimé.
Importance de la prévention
« Les enquêteurs restent vigilants et suivent tout signe potentiel », affirme Patrick Cruchon, agent de prévention à la police cantonale tessinoise. « En 2025, 15 réunions de prévention et de sensibilisation à la cybersécurité ont déjà été organisées, et la sextorsion figure parmi les sujets abordés. »
« La cybersécurité s’apprend, même dans le contexte de la sextorsion », conclut Cruchon. À cet égard, le 7 octobre, la Prévention suisse de la criminalité (PSC) a publié un outil d’apprentissage en ligne, cybersecurityforyou.ch, adapté à tous les âges.
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